David GuyotDAVID GUYOT, c’est mon nom. Vous ne trouverez  pas grande littérature sur mes exploits tant je suis de ceux qui oublient de s’aimer. Pourtant, je suis aimable, j’ai aussi des qualités humaines indéniables, beaucoup d’éthique et un talent fou ! Je ne m’attend pas à ce qu’on m’acclame alors j’ai décidé d’être mon propre griot …

Je suis né… en  1965, suffisamment loin déjà pour savoir qu’il me reste tout à apprendre. Famille nombreuse, milieu modeste, j’ai grandi dans les campagnes aux portes de Paris. Trop à la ville pour être à la campagne et trop rural pour être urbain. C’est peut être d’avoir le cul entre deux chaises qu’il m’est venu l’idée d’en dessiner un jour.

Mamytartine, mon analyste préférée, m’entendra dire que c’est ma peur de réaliser matériellement, de concrétiser, qui m’a guidé vers une vocation de concepteur. Je me sens visionnaire et j’aime la complexité des métiers de synthèse. Cela excuse aussi le foutoir sur mon bureau. Mon Bac en poche, j’ai tourné autour de moi même, étudié l’analyse transactionnelle à la fac, démonté des voitures, remonté des voitures, fumé un paquet par jour, bu pas mal de bières et fait un aller retour jusqu’au cercle polaire arctique.

Un an écoulé et beaucoup de bruit pour rien, je m’inscrivais à deux semaines de la rentrée à l’école d’Architecture de Paris Tolbiac (UP7 pour les intimes). Cette école troglodyte, engoncée insoupçonnable, entre les fondations et les parkings sous-terrains du quartier chinois, m’a fait côtoyer deux esprits marquants.

Avec Marion Tournon-Branly (1985 à 1987), j’ai appris à chercher en moi les fondements de ma démarche créative. Sur ses conseils, j’ai écarté ouvrages et revues d’architecture de mon parcours d’étudiant et de bien des années qui suivirent. Héritant ainsi d’une piètre culture architecturale, j’ai cultivé mon propre univers jusqu’à me sentir suffisamment mature pour résister aux infiltrations inconscientes des idées puissantes et convenues de la mode, des certitudes de tous bords.

Alain Pelissier (1988 à 1992), un précieux théoricien, m’a convaincu que les sources d’inspiration pouvaient naître de toute autre chose que du domaine de l’architecture et de sa technicité; que lire Winnicott ou étudier la musique était aussi judicieux que de savoir évaluer la section d’une poutre; que son approche conceptuelle appuyée sur la notion d’espace ou d’objet transitionnel ouvrait des perspectives passionnantes.

Ces deux enseignants ont témoigné selon moi d’un grand respect envers leurs étudiants en évitant tout dogmatisme et en encourageant leur propre énergie créative.

20 ans plus tard, déraciné, enraciné, installé à Dakar,  je me sens riche de cette formation d’esprit et contreventé de mon expérience vécue. J’ai assez peu construit mais je suis resté Architecte en toute circonstance, en créant et produisant des objets, des meubles et aussi au travers d’autres gestes plus ordinaires du quotidien.

J’ai choisi de ne m’engager que sur des projets dont la philosophie me correspond et en fonction de mes affinités avec le maître d’ouvrage. Concevoir et construire est un geste long et fastidieux, un dialogue qui mérite compréhension et respect de la part des parties engagées. Un luxe que je m’offre diront certains.

Mon affinité avec le bois est évidente. Une histoire d’enfance, un CAP de charpentier et 18 ans à côtoyer ce matériaux au travers des meubles que j’ai conçu. Mais j’ai laissé la porte ouverte aux autres alternatives: le béton, la pierre, le métal, le verre, la terre, le bambou… Chaque projet répondra à ses propres questions par des choix techniques mais aussi humains, environnementaux, graphiques ou culturels. Glenn Murcutt, un architecte dont j’admire le travail (le résultat autant que sa démarche), a défini la beauté comme « la conséquence logique de réponses justes à des questions bien posées ». J’adhère entièrement à cette philosophie qui s’inspire du bon sens, de la nature et de l’expérience intemporelle.

Je compléterais la définition de mon raisonnement d’architecte par la préoccupation du vrai, la recherche d’une intégrité permanente et le refus des actes gratuits, autant qu’il est possible d’en convaincre ses interlocuteurs.